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dimanche 21 mars 2004 |
200. Chronique du temps qui passe (14) |
Vendredi soir, une amie de ma soeur Eva vient dormir à la maison. Je la connais bien et l'aime bien pak'elle est très sympa avec moi. Et puis c'est comique, elle a le même nom que ma grande soeur. Au moment de monter au lit (je suis à ce moment à mi-chemin dans les escaliers avec maman), je l'entends se mettre à pleurer. Mon adorable Eva la console. Interpellé, je m'arrête net pour écouter leurs propos. Ceux-ci me captivent. Elle explique à ma soeur que ce matin elle a renversé son verre de grenadine dans son cartable et qu'elle s'est fait gronder. Maman m'observe (il paraît que mon visage exprime un mélange de tristesse et de curiosité) : mes yeux sont grands ouvert et un sourire mélancolique se marque aux commissures de mes lèvres. "Ça va mon Loulou ?" Moi : "…(le nom de l’amie d’Eva), elle pleure..". Maman : "Ben oui, ça arrive, mais c'est pas bien grave, Eva la console".Et effectivement, son chagrin passe comme il était venu. Maman me rappelle qu'elle m'attend pour aller dire bonsoir à papa qui travaille encore dans son bureau. Tout le long du trajet, je me mets à raconter toute la conversation que j'ai entendue entre Eva et sa copine.
Au moment de pénétrer dans le bureau, maman me dit : "Explique un peu à papa..." Moi : "Je vais me coucher paske je suis tout fatigué." Maman : "Non, raconte ce que tu as entendu dans les escaliers." Ayant rejoint papa, je m'installe comme d'hab. à califourchon sur ses genoux et lui explique très sérieusement toute l'histoire : "Papa ? L’amie d’Eva elle a pleuré." Papa : "Ah bon ?" Moi : "Oui elle est triste parce qu'elle a renversé son verre de grenadine dans son cartable". Papa est tout surpris par mon explication claire et précise. Moi (me mettant à broder pour expliquer son chagrin) : "...Et alors..." - je réfléchis - "son papa et sa maman, ils se sont fâchés parce qu'elle a fait le bébé cadum". Maman intervient : "Elle a pas fait le bébé cadum, elle a été maladroite... Ca arrive." Moi : "Oui mais écoute papa : Quand on renverse un verre d'eau, on fait des bétises." Papa : "...Oui si on le fait exprès..."
Pour la petite histoire, il m'arrive souvent ces derniers temps d'être un petit peu speed à table où les choses doivent occuper une place précise, même si je les vois pas... car je les entends ! il faut donc placer le lecteur de cassette ou de C.D. à ma gauche. C'est une très vieille habitude puisque maman se met à ma droite pour m'aider à manger. Vient ensuite le positionnement de mon pote l'éléphant-qui-répète-tout-ce-que-je-dis... et comme depuis peu ils sont deux et que je suis parfois autorisé à les utiliser tous les deux, cela devient un aménagement du territoire complexe. Je demande alors à ce que le nouvel éléphant soit placé à droite et le vieux à gauche, et à une distance précise, s'il vous plaît ! (question d'acoustique, voyez-vous). Et attention, pas question de me berner, j'entends tout de suite si on les intervertit comme ce matin quand papa les a déplacé pour pouvoir déployer et lire son journal. Ça tourne donc parfois à de la maniaquerie de ma part, et comme il faut de la place pour tout le monde autour de la table du petit déjeuner, il m'est arrivé de m'énerver - n'obtenant pas ce que je veux – (c’est mon côté « Petit Tyran », très loin de celui du « Petit Prince ») . Du coup, je repousse mon assiette ...qui renverse mon verre d'eau ...et c'est moi qui me fait gronder ...comme ce matin et comme la copine d’Eva. C.Q.F.D. dans ma petite tête et dans la vôtre !
Retour sur les genoux de papa, avant d'aller dormir. Je suis super fier de tenir ainsi une grande conversation aussi cohérente. Papa aussi d'ailleurs : il me le souffle à l'oreille : "C'est bien mon Loulou, tu parles bien et surtout, tu racontes super bien ce qui s'est passé." Moi, fier et m'emballant comme un moulin à parole : "Oui parce que tu comprends, la copine d’Eva, elle a été maladroite, elle a pas fait le bébé cadum. Mais on peut pas renverser son verre d'eau, alors c'est pour cela qu'elle s'est fait gronder." J'sais pas pourquoi, papa me serre très fort dans ses bras. J'me sens fier comme tout et donc enchaîne en y rajoutant une couche tant qu'à faire. Allons-y que j't'la mette à ma sauce cette histoire ! "Oui paske, tu vois, elle a pleuré pask'elle a renversé exprès son verre de grenadine et, tu vois, elle a été punie par son papa et sa maman." Maman intervient : "Là, tu inventes, mon bonhomme !" Moi : "Et pourquoi on peut pas renverser son verre d'eau ?" Maman et papa de concert : Maman : "Parce que sinon tout est mouillé..." Papa : "... et il y a des choses qui n'aiment pas l'eau." Moi : "Oui même que on se fâche très fort quand on fait le bébé cadum. Et alors on est triste en piapaille mince..." (un temps) "Et puis alors il faut demander à Marie-Anne." Papa : "Là tu commences à raconter n'importe quoi, ...à tout mélanger" Il se met à me câliner la tête. "C'est difficile de réfléchir, de se souvenir et de mettre les mots les uns devant les autres, hein mon Loulou. Mais je suis super fier de toi, Tu m'as super bien expliqué l'histoire de l’amie d’Eva." A ces mots, mon sourire malicieux reprend le dessus : il m'a tendu la perche, et hop, je redémarre au quart de tour ! Je recommence à lui raconter toute l'histoire, mais la fatigue m'envahit et mes propos deviennent de moins en moins cohérent.
Finalement Maman me rappelle qu'on était venu dire bonsoir à papa et qu'il est grand temps d'aller au lit. Je donne un gros bisou à papa, m'en vais me brosser les dents, ...puis revient une dernière fois dans le bureau de papa à ma demande pask’il me manque beaucoup en ce moment avec tout son travail. Il me prend une dernière fois dans ses bras, me fait des câlins, et finalement je redescends pour aller retrouver ma-petite-couette-toute-douce dans mon lit.
Ah oui, pour conclure : la vraie histoire de l’amie d’Eva, c’est qu’elle a mis non pas un verre mais une gourde ouverte dans son cartable, avec les conséquences que vous devinez, mais, j’préférais raconter l’histoire avec un verre d’eau, paske les gourdes, j’connais pas, et puis ça fait le lien avec ma propre expérience…
C'est juste une chronique du temps qui passe.
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Par Bèrlebus :: dimanche 21 mars 2004 à 17:26 :: Au jour, le jour
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