Bonjour, je m'appelle Lou.
Je suis un petit garçon qui ne voit bien qu'avec le coeur, ce qui rend la vie de mes parents et mon éducation épiques !
Je suis donc aveugle et différent dans ma petite tête blonde.
...avec toutes mes excuses pour les personnes qui ne l'auraient pas compris, tous les textes de ce site sont pensés et écrits par moi-même (son papa).
Lou n'en est actuellement pas capable, tout comme il n'est pas capable à ce jour de comprendre "un ordinateur", "internet", ou se concentrer longtemps sur une conversation. Seul l'avenir nous dira si nous parviendrons à l’intégrer totalement le monde dans lequel il vit.
Il est donc clair que ces récits, bien que tous les faits rapportés soient bien réels, comportent une interprétation que je fais en fonction de son comportement. Mais pour bien le connaître depuis plus de cinq ans, je pense ne pas me tromper.
Si ce site vous a fait du bien, vous a touché ou que sais-je encore, merci de nous aider à la faire connaître. Que ce soit par un mail à vos amis, au gré de discussions, ou d'un lien sur votre propre site.
Merci à la Fondation Roi Baudouin ("Parcours Hors-pistes"). Le nouveau design, l'hébergement et les traductions ont pu être réalisés grâce partiellement à son soutien financier.
De retour de l’école. A la descente du bus, je rouspète illico sur le ton employée à mon égard par la nouvelle convoyeuse du bus. Je la parodie, prenant un ton déplaisant et gouailleur : - Ouais, t’es trop excité, ou quoi ! - Bonjour, Loulou. A la va-vite : - Bonjour, maman. Enchaînant de suite sur un ton de grand garçon : - Mais oui, mais j’ai rien fait et elle rouspète sur moi. Elle est fâchée, alors que j’ai rien fait, quoi ! Maman s’enquière de la version officielle et s’explique courtoisement avec la convoyeuse qui lui répond aimablement que j’étais simplement très excité et en verve. Trop, apparemment. Le bus s’en va. Maman m’interpelle : - Qu’est ce que tu racontes, Lou ? - Mais je sais pas, moi. J’ai rien fait. - Qu’est-ce qu’elle t’a dit exactement ? - “Lou, tu es trop excité”. - Ben oui, il semble que tu étais bien excité et sans doute que les autres avaient envie d’un peu de calme. Pendant ce temps, je monte les trois marches d’entrée menant au couloir de la maison et arrive près de mon porte-manteau où maman me déleste de mon cartable dorsal. J’ôte ma veste, la tourne dans tous les sens à la recherche de la lichette. J’entends bien la petite clochette qui y est attachée, mais je n’ai pas la tête à cela et fais n’importe quoi. Je la jette finalement à terre en déconnant.
En vacances, quand papa est avec ma soeur, ils font de drôles de truc. Papa a bien essayé de m’emmener dans leur labyrinthe et il a tenté de m’expliquer, de sentir avec mes pieds, mais au bout de cinquante mètres, cela ne m’amusait plus du tout. Assez d’épreuves avec ce que vous savez. Le labyrinthe, c’est un trip de voyant... alors papa et Eva se sont faits plaisirs.
Vidéo : le labyrinthe de Papa, Eva et sa copine Alice. N.D.L.A.: Pour, nous l'espérons, votre plaisir aussi.
Début août. - Qu’est ce que je lis dans ton carnet, Lou ? Ca ne va pas du tout ! - T’es fâché ?
Après la Corse, mes vieux m’ont inscrit aux activités du « groupe de jour » de mon école. Juste une semaine, car ils devaient travailler. Je n’ai pas apprécié. C’était pas des vacances ! Et puis, il y avait la présence de « Didier ». Nos mondes s’opposent et j’aime le provoquer, jusqu’à la dispute. Il y avait enfin mon irrépressible envie de rester dans mon imaginaire du « papa mouton au groupe » accompagné de toute sa clique, plutôt que de vivre avec… le groupe.
Marseille. En route vers le bateau qui doit nous conduire en Corse. Un boulevard, centre ville. La voiture est à l’arrêt ; un embouteillage ou un feu rouge, je ne sais. La porte de la voiture du côté de maman s’ouvre, puis un brouhaha s’en suit. Maman et papa se mettent à hurler fort, de plus en plus fort. Je ne les jamais entendu être en colère comme cela. Par rapport à quoi, je ne sais pas. Tous deux s’agitent très fort à l’avant de la voiture. Cela dure dix secondes environ puis la porte se referme. Papa et maman soufflent, soupirent, se rassurent mutuellement : - Tout va bien ? Ça va ? Maman a un petit peu mal au bras. Ils s’enquièrent de suite de ma réaction et de celle d’Eva. Je suis terrorisé. Les larmes arrivent à flot. Immédiatement, Eva me console, bien que choquée elle aussi. Puis c’est le tour de maman et de papa de me rassurer et de me donner surtout des explications. Ce n’est rien. Tout va bien. Un voleur a ouvert la portière de la voiture et a voulu prendre le sac de maman qui était à ses pieds, mais ils l’en ont empêché en tenant très fort la lanière du sac. S’ils ont crié comme cela, c’était pour que le voleur abandonne et lâche le sac, ce qu’il a fini par faire. Tout va bien. Voilà, tu sais ce qu’il se passe quand on rencontre un voleur et qu’on le laisse pas faire. Ça n’arrivera plus. C’est comme l’incendie chez Zabeth. Les petits accidents de la vie. Tout va bien. Dix minutes plus tard, je suis rassuré. L’événement prend la tournure d’une « sacrée aventure ». Une heure plus tard, nous sommes dans le bateau. Ce n’est plus qu’un mauvais souvenir et une expérience de plus. - Voilà, Lou, maintenant tu pourras dire que tu as rencontré un voleur.
De cela, je n’en ai plus parlé durant la suite des vacances, à l’inverse de mes vieux que j’ai entendu à maintes reprises raconter cette singulière aventure. Par contre, à force d’entendre parler tout le temps d’incendies de forêt à la radio ou ailleurs, cela a réveillé en moi la peur de l’alarme… et des incendies.
Les vacances, un terrain d’expériences, de nouveautés, d’émotions fortes parfois****, mais surtout de grands moments de liberté durant lesquels mes vieux me permettent de voyager dans mon monde sans queue ni tête.
Ainsi, ai-je eu le plaisir de mettre à toutes les sauces “le papa mouton”, que j’ai décidé de baptiser “le papa mouton au groupe”, en référence au “groupe de jour” de l’école (encadrement parascolaire). Je l’ai emmené dans mes bagages avec tous les personnages de mon école, pendant que mes vieux chargeaient dans la voiture les indispensables : hamac, synthétiseur, bâteau gonflable, la petite couette toute douce, le nounours musique, le frigobox contenant le pain-de-mie-des-vacances (je déteste la baguette française), le fromage de chèvre et mes médicaments indispensables : la thyroxine du matin, la mélatonine du soir, “le petit tuyau”* et “la petite piqûre”**.
Donnez-moi un public bon joueur, quelques musiciens et je suis le plus heureux du monde. Une fois encore, la fête du quartier m’a permis de vivre une rencontre musicale improvisée. Cette fois, il s’agit d’une première rencontre avec Manuel et Antoine qui se sont joints à moi. Un pur plaisir que de partager “David”, “Le papa mouton”,tout mon petit monde intérieur ou celui de l’école pour petits gars extraordinaires.
Merci aux habitants du quartier de s’être joints à nous, d’avoir participé de bon coeur, merci Antoine, Manuel, le percussioniste dont je ne connais pas le nom... Le suite est sonore pour moi (Vite papa, un C.D. de la bande son !), visuelle et sonore pour vous.
670. Le son de l’autre bout du monde (Lou, la malice 45)
Quatre jours sans papa et maman. Non pas en classe verte, mais chez Zabeth, François, Martin et Claire, respectivemen,t, ma tante, mon oncle, mon cousin et ma cousine. Un des coins répit pour mes vieux. Un festival en Grèce.
Le coup de téléphone du soir. Ça faisait des drôles de sons. Une sorte d’écho. - C’est drôle ta voix ! Pourquoi elle est comme ça, maman ? - Parce que je suis loin, très loin. A Athènes, en Grèce. - Va encore plus loin ! Rires à l’autre bout du monde. Riant à mon tour de moi-même : - “Va encore plus loin”, l’autre !
J’ai trois papas en un : le papa rassurant (Bèrlebus), le papa déconneur, et le papa autoritaire. Trois sonorité, comme trois personnages. Je sais ainsi à qui j’ai affaire, ou plutôt, à quelle humeur je dois faire face, rien qu’au ton de la voix. Facile.
- T’es fâché - Pourquoi tu me parles sur ce ton ? - Parce que je ne suis pas d’accord, Lou. Ça c’est le papa autoritaire : ton sec, précis. Par la suite, chaque mot est articulé, répété, reformulé avec des synonymes et des constructions de phrases simples mais différentes à chaque fois, comme pour multiplier les angles d’attaque afin pénétrer la forteresse de ma raison.
Papa n’est pas un héros et il a son caractère. A croire que je tiens mes humeurs versatiles de lui.
Comme je suis très sensible aux moindres signes de tension et que je suis capable aussi de déceler la mauvaise humeur ou la tension nerveuse de quiconque entrant en contact avec moi - quand bien même il ne dirait pas un mot -, je suis immédiatement fixé sur “l’état de papa” ou des autres membres de la famille. Je n’ai pas besoin de mes yeux pour percevoir les états d’âme d’autrui.
Quand j’étais petit, je réagissais en opérant un transfert immédiat, devenant à mon tour soit de mauvaise humeur, soit inquiet. L’exemple de Didier l’illuste à souhait. Mais depuis peu, à la maison, je réagis différemment. Comme si, connaissant bien la famille, je savais que ce n’est qu’un état passager. Du coup, j'agis de la même manière qu’ils le font avec moi en pareilles circonstances : - Courage, mon papa que j’aime. Courage pour ton travail. - Merci, Lou. - Et pourquoi t’es fâché ? - Je ne suis pas fâché, je suis juste fatigué et j’ai des soucis avec mon travail. Tu vois, quand on est fatigué, c’est la même chose pour tout le monde : on est plus vite irritable. Un “merde” qui s’échappe ? - Qu’est-ce qu’il y a, papa ? - Rien Lou, je me suis fait mal. - Courage, papa, ça va passer... - Merci Lou, t’es super gentil. Je me sens alors très fier de mon intervention.
Mélatonine à 19h30 tous les soirs. Coucher une heure plus tard. Rien a changé par rapport à l’avant « Jetlag experiment » : le temps de refermer la porte de ma chambre, de compter jusque dix et je dors d’un sommeil réparateur.
Ce qui a changé, c’est le fait que je dorme jusqu’à cinq heures et demie, parfois même six heures du matin. Depuis la fin du traitement, je me suis réveillé qu’une seule fois à deux heures du mat. La guindaille, comme à mon habitude. - Lou, il faut dormir. Il n’est que deux heures du matin. - Excuse-moi, papa, je pensais qu’il était six heures. Et je me suis rendormi. Un incident, car incontestablement, je dors plus.
Même si ces photos n’ont aucun sens pour moi, elles en ont sans nul doute pour mon papa-de-l’image. Et puis, on pourra toujours me les décrire plus tard.
Retour à la vie civile. Samedi matin, je me réveille à sept heures quinze. Matinée avec maman. Achat de nouvelles chaussures. Hélas, il n’y a pas d’autres clients dans le magasin avec qui parler de David et du poisson. Un comble pour moi qui, il y a un ans à peine, me serait énervé à attendre notre tour, s’il y eut beaucoup de clients.
Vendredi matin. Je me réveille vers dix heures. Nous prenons un petit déjeuner cool, papa et moi, pendant que maman reçoit ses patients. Trop content de retrouver mon piano, je berce les consultations de maman des notes harmonieuses de Radiohead.
Tranches de vie, la nuit. Extraits d’une “journée” tout en contraste, plus pénible que prévue, mais avec de chouettes propos entre papa et moi.
Dans le salon : - Allez, viens, Lou ! Tu t’endors dans le fauteuil. On va promener Méga en forêt. - Non, je n’ai pas envie. Dans un sursaut d’optimisme un peu forcé, le père tente de me motiver : - Mais ça va être drôle : on sera tout seul. Aller promener en forêt la nuit ! Malgré mon enthousiasme plus que modéré pour ne pas dire refus – pour moi, le jour ou la nuit, ça change rien !-, papa m’emmène.
De fait, se coucher à quatre heures du matin devient plus raisonnable.
Les heures s’égraînent une à une. Le programme reste invariable et les “dernières cartouches” pour me tenir éveillé, dont surtout le fait d’enregistrer les histoires sur l’ordinateur de papa ou de les écouter, représentent l’essentiel de nos occupations. D’autant qu’il m’est venu l’idée de détourner l’usage de l’enregistreur numérique pour m’amuser à me promener dans l’immense maison des Ardennes en scandant “Tom “Yorke” et d’ensuite jouir, me fendre la pêche, m’éclater et jubiler en écoutant ma voix se perdre au loin, se rapprocher, s’éloigner à nouveau de la source d’enregistrement etc. Après une promenade nocture dans la campagne endormie – pas question cette fois, vu l’heure du coucher, d’aller saluer les animaux de la ferme avant de retrouver le “monsieur de la voierie”, alias le radiateur de ma chambre -, nous atteignons sans trop de peine quatre heure du mat. où je m’endors comme une souche.