Bonjour, je m'appelle Lou.
Je suis un petit garçon qui ne voit bien qu'avec le coeur, ce qui rend la vie de mes parents et mon éducation épiques !
Je suis donc aveugle et différent dans ma petite tête blonde.
...avec toutes mes excuses pour les personnes qui ne l'auraient pas compris, tous les textes de ce site sont pensés et écrits par moi-même (son papa).
Lou n'en est actuellement pas capable, tout comme il n'est pas capable à ce jour de comprendre "un ordinateur", "internet", ou se concentrer longtemps sur une conversation. Seul l'avenir nous dira si nous parviendrons à l’intégrer totalement le monde dans lequel il vit.
Il est donc clair que ces récits, bien que tous les faits rapportés soient bien réels, comportent une interprétation que je fais en fonction de son comportement. Mais pour bien le connaître depuis plus de cinq ans, je pense ne pas me tromper.
Si ce site vous a fait du bien, vous a touché ou que sais-je encore, merci de nous aider à la faire connaître. Que ce soit par un mail à vos amis, au gré de discussions, ou d'un lien sur votre propre site.
Merci à la Fondation Roi Baudouin ("Parcours Hors-pistes"). Le nouveau design, l'hébergement et les traductions ont pu être réalisés grâce partiellement à son soutien financier.
Lorsque papa et maman ont appris que j'étais aveugle, ils l'ont tout de suite expliqué à mes soeurs (avec le résultat que vous connaissez maintenant à propos d'Eva) Avec ma grande soeur, Mathilde, alors âgée de 9 ans, la chose s'est passée tout différemment. Elle a tout de suite pigé. Son regard est devenu triste. Mathilde : "C'est dommage... il ne pourra pas voir les paysages, les montagnes, la mer". Papa (noeud dans la gorge qu'il masque) : "On lui expliquera, on lui décrira, on lui fera toucher..."
Il a fallu de nombreux mois avant que ma soeur Eva comprenne que j'étais aveugle. Tout ça, c'était la faute à mes parents.
Eva, elle était tout feu tout flamme d'avoir un petit frère. Ella avait quatre ans et demi. Alors, j'vous dis pas comment elle me traitait : comme une poupée. Et vas-y que je sois secoué dans tous les sens, pris dans les bras sans avertissement, qu'elle me fourre la tétine dans la bouche comme on referme une bouteille de vin etc. Elle était donc un peu fofolle.
J'cause au présent, j'cause au présent... mais c'est la faute à Papa !
J'ai plein de chose à dire sur mon passé, même si, je le reconnais, les souvenirs, c'est pas mon fort. Quoique, petit à petit, j'commence à causer d'événements qui remontent à quelques mois (comme le bain qui se vide, par exemple ) . Remonter à un an ou plus m'est donc difficile. Mais heureusement, papa est là pour me rafraîchir la mémoire.
Ainsi donc, j'voudrais juste vous expliquer que quand j'étais petit - j'veux dire, tout petit -, une crèche a bien voulu m'accepter et m'intégrer parmi les enfants dits "normaux". Sans une hésitation. Et avec un coeur gros comme ÇA.
Pendant trois ans, Viviane est devenue ma puéricultrice de référence, ma seconde maman. Fanny, la directrice, s'est investie entièrement dans le projet, comme toutes les autres puéricultrices. Et j'peux vous dire que quand je les ai quitté pour aller à la "grande école", les coeurs, ils étaient serrés.
C'est qu'il s'en est passé des choses là-bas. Alors que tous les autres gambadaient allègrement à deux ou quatre pattes, moi, j'restais dans mon petit périmètre. Mes petits camarades, y z'ont vite pigé que j'voyais pas. Du coup, ils faisaient attention à moi. Un jouet égaré ? Un pote me le rapprochait ! Ma tétine perdue ? Une copine me l'agitait près de moi pour que je la repère auditivement et la prenne. Un coup de soif (ben oui, mon hypophyse...- voir art. 4 de "lisez-moi") ? Un copain me mettait le biberon à la bouche. En fait, ils imitaient le comportement des grands vis-à-vis de moi. J'étais un cas à part et accepté comme tel. Comme quoi, la peur de la différence des autres n'est pas innée ! (et toc!) C'était pour moi et pour les autres l'apprentissage de la vie en communauté... avec ses réalités aussi : Un chouette jouet entre les mains ? Et hop, ni vu, ni connu, on me le piquait (ben oui, ça arrivait aussi). Mais c'était sans compter sur mes cordes vocales qui alertaient aussitôt les puéricultrices (j'me défendais comme je peux).
J'ai donc passé de merveilleux moments là-bas. Et j'voudrais juste rendre hommage à Viviane, à Fanny, Dominique, Aurore et toute l'équipe de la crèche Gilson, même si, aujourd'hui, Marie-Anne remplace ce passé que j'ai hélas oublié.