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vendredi 10 avril 2009 |
661. The Jetlag experiment 6 (J + 7) |
Photo puis texte : (suite) Tranches de vie, la nuit. Extraits d’une “journée” tout en contraste, plus pénible que prévue, mais avec de chouettes propos entre papa et moi. Dans le salon : - Allez, viens, Lou ! Tu t’endors dans le fauteuil. On va promener Méga en forêt. - Non, je n’ai pas envie. Dans un sursaut d’optimisme un peu forcé, le père tente de me motiver : - Mais ça va être drôle : on sera tout seul. Aller promener en forêt la nuit ! Malgré mon enthousiasme plus que modéré pour ne pas dire refus – pour moi, le jour ou la nuit, ça change rien !-, papa m’emmène. Vingt-trois heures quinze. En forêt de Soignes : - J’ai pas envie de promener. - Je veux aller dormir. - Et pourquoi on fait ce traitement ? - Je veux rentrer. - Encore combien de temps ? - Quand est-ce qu’on rentre ? - J’aime pas me promener en forêt. - Encore combien de pas ? (500 fois) Les pas, c’est notre système métrique à papa et moi lorqu’on se promène, car conceptualiser les mètres sans pouvoir les visualiser, c’est pas évident. Mètres et kilomètres sont des notions que je connais, mais qui restent assez abstraites. Papa double donc souvent le système métrique d’une évaluation que je peux me représenter : les pas-de-Lou.
En réponses : - Mille ou deux milles pas, Lou... On vient seulement de commencer la promenade ! - On va aller jusqu’à l’arbre sur lequel tu peux marcher et on rentre, OK ? - Ecoute, Lou. Entends-tu la différence avec la maison d’Acul, en Ardennes ? Ici, on entend la ville, l’autoroute qu’on appelle le “ring” et qui fait le tour de Bruxelles. Tu sais, l’autoroute qu’on prend pour aller chez Zabeth ? ... A Acul, il faisait calme en comparaison, non ? - Courage, mon garçon. Je sais que c’est dur. - Se promener en forêt, cela nous occupe, nous change les idées. - C’est important de faire ce changement progressif de l’heure où tu vas te coucher, jour après jour. C’est pour que tu sois plus en forme et donc plus heureux, à chaque fois, en fin de journée. - Encore six-cent pas, ou environ trois-cent mètres. - Tu vois, ce soir, on ira dormir à deux heures du matin. Demain, à minuit. Et samedi ? A vingt-deux heures ! - Environ 550 pas. Et dimanche, tu te coucheras de nouveau à vingt heures et progressivement, tu ne seras plus fatigué à partir de trois ou quatre heures de l’après-midi. - Trois-cent pas, cent-cinquante mètres. - Tu viens de me poser la question, sot ! Trois-cent pas. Allez, disons, deux-cent-nonante-huit pas. Et de compter. Et de rythmer nos pas. Et de chanter en canon pour faire passer le temps. - Il est oùùù le papa moutonnn...
Sur le court trajet en voiture pour rentrer à la maison : - Et pourquoi tu disais que t’avais envie de te battre contre les sirènes. Voilà que je fais référence à une conversation entendue l’autre nuit entre Montain et papa. - Parce qu’elles font un bruit agressif et inutile qui stresse les gens. Mais il me faudrait une deuxième vie... - Et tu dirais à la police d’arrêter leurs alarmes ? - Non, ils utiliseraient des « pin-pon» comme avant. Tu sais, c’est une course folle pour celui qui fera le plus de bruit. - Et bien, tu sais quoi ? Je vais me battre avec toi ! Ben oui, moi aussi, je déteste les alarmes.
Minuit. De retour dans le salon : - Ne t’endors pas Lou. (100 fois) - Tout va bien, Lou ? (150 fois) - Ça va, mon Loulou ? (Trois cent fois) - Courage, écoute toutes les histoires qu’on a enregistré. - Chounet ??? Je n’en peux plus. Papa me force à venir dans ses bras, veut me chatouiller, me faire des doudouces, des frissons ou des tranchages de gorge, autant de choses qui habituellement m’auraient enchantées, mais que je décline, de mauvaise humeur. Mes paupières sont trop lourdes. Papa durcit le son de sa voix, veut me forcer à jouer. Je le repousse. Je détourne nos jeux à des fins moins sympatiques : - Je vais te foutre mon poings dans la gueule. Et de la faire, avec moins de précaution et de modération que dans nos jeux. - Lou, tu exagères ! Attention ! - Laisse-moi ! Heureusement, les derniers enregistrements qu’on a fait en Ardennes me redonnent du tonus. Régulièrement, je me fends de rires, à m’entendre ainsi faire le sot et raconter des trucs sans queue ni tête. Et tout autant à la dixième écoute.
Autre moment, autre humeur : - Tu es mon papa d’amour. Je t’aime. - Je vais essayer d’être patient. - J’ai décidé de respeter les autres. Autant de propos dont ils me bassinent régulièrement et que je renvois à papa avec fierté.
Une heure du matin : - Tiens, Lou, prends ta mélatonine. - Papa ? Et si on jouait avec la table de mixage de ton ordinateur pour accélérer et ralentir les histoires ? - Bonne idée ! Laisse-moi juste le temps de convertir le fichier. Je finis mon “jour” dans une forme resplendissante. Je me marre tellement que je retarde le moment du souper, du “petit tuyau”* et de la petite piqûre**. Je me couche ainsi à deux heures et quart et m’endors sur le champs.
Alors que la durée de notre vie nocturne diminue, jour après jour, ce fut, étonnamment, une des nuits les plus difficiles. (à suivre)
* Minirin pour le diabète insipide (absence de rétention de l’eau par les reins) ** Les hormones de croissance
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Par Bèrlebus :: vendredi 10 avril 2009 à 23:38 :: Au jour, le jour
:: #755
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Vos commentaires |
j espère que ce voyage hors du commun, te permet de retrouver des horaires de vraie nuit, Lou, avec la mélatonine,
et je souhaite à tes parents de pouvoir dormir leurs nuits, aussi!
bel week encore demain! |
Le dimanche 12 avril 2009 à 18:25,
commentaire par
Annick
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Je suis époustouflée par l'obstination dont tu fais preuve Luc, car toi aussi tu dois être hyper fatigué et je souhaite de tout mon coeur que le rythme de sommeil de Lou sera un succés... Vous le méritez tous les deux.
Bizzzzzzzz |
Le vendredi 17 avril 2009 à 20:37,
commentaire par
ANDREE
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