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dimanche 10 septembre 2006 |
522. Chronique du temps qui passe 39 |
Au quotidien.
En fait, ce dialogue de sourd s’est passé ce matin. Non, cet après-midi ! Mais non, hier ! Euh… Avant-hier ! Et le jour d’avant aussi, et… Bref, plusieurs fois par jour, je remets ce type de conversation sur le tapis. En fait, c’est surtout fréquent depuis les vacances… Quoiqu’avant aussi. C’est peut-être la centième fois, ou même la cinq-centième fois. Bref je ne sais plus. La seule chose que je sais, c’est que j’aime bien ritualiser les conversations. Et à contrario, je n’aime pas qu’on veuille m’ôter ces choses qui, quelque part, me rassurent. - Je peux plus faire Jordi, alors ? - Si Chouchounet, mais pas tous le temps. - Pourquoi ? - Parce que sinon, tu vas avoir mal à la gorge. Avec une pointe de crainte dans la voix : - Jamais alors ? - Tu sais bien, Lou. - Plus jamais ? En boutade : - C’est cela : jamais, plus jamais ! - Sinon, je vais avoir mal à la gorge ? - Excactement. - Et là, j’ai parlé de la gorge ? - Loulou ! On ne dit pas « parler de la gorge ». Tout le monde parle de la gorge, avec ses cordes vocales. On dit : forcer la voix. - Et je peux faire Jordi ? - Qu’est ce qu’on a dit, Chounet ? Silence radio. - On te demande juste de ne plus faire Jordi aujourd’hui parce que tu as ta voix toute éraillée. - Mais j’ai envie de faire Jordi. - C’est tout, Loulou. - Mais j’ai pas mal à la gorge. - Mal, non, mais tu as la voix éraillée à force de tout le temps faire Jordi. Je change de sujet : - Et « Muse » ? Je peux faire « Muse » ? - Tu ne crois pas que tu l’as déjà beaucoup fait ? - Parce que je suis trip de « Muse » ? - Exactement. - Moi, je suis trip de « Muse ». il n’y a que ça qui m’intéresse. Pas de réponse en face. J’enchaîne, pour voir : - Et pourquoi je suis trip de « Muse » et qu’il n’y a que ça qui m’intéresse ? Avec un brin d’exaspération dans la voix : - Loulou, on te l’a déjà expliqué : il n’y a pas que ça qui t’intéresse. Pas d’accord, j’affirme : - Mais si ! - Pour le moment tu t’intéresses beaucoup à Muse… L’interrompant : - Je veux écouter « Muse ». - Non Lou, pas tout le temps. Par contre, attends, je vais te faire écouter le disque que j’aime beaucoup en ce moment… - Je veux pas. - Mais si, c’est le disque de Thom Yorke, le chanteur de Radiohead. Il y a plein de percussions et de sons mar… - je veux pas. Je veux rien. Je veux être trip de « Muse ». Il n’y a que cela qui m’intéresse. - Bon, Loulou, ça suffit.
Cinq minutes plus tard : - Dis, papa, hein oui, que je ne vais plus aller chez « bip bip » ? Pas de réponse en face. - Papa ? - On ne parle plus de cela Loulou. - Sinon, je vais avoir mal à la gorge ? - Ça n’a rien à voir. - Et pourquoi je parle tout le temps de la gorge. - Lou… S’il te plaît ! Je t’ai expliqué combien de fois que tout le monde parle de la gorge. Sinon, il n’y aurait pas de son qui sortirait. Il faut dire : « forcer la voix », ou «forcer sa gorge », si tu veux. - Mais moi, j’aime bien parler tout le temps de la gorge. Je sens mes vieux exaspérés. Qu’importe. - Je suis obsédé par la gorge, moi ! Il n’y a que cela qui t’intéresse. Gentiment moqueur : - Tu dis n’importe quoi, Lou ! Il y a plein de choses qui t’intéressent. Têtu :v- Non ! Il n’y a que mes petits gestes qui m’intéressent !
A ce propos, mes vieux semblent vouloir me lâcher la grappe avec mes petits gestes répétitifs. P’t’être qu’ils abandonnent. Faut dire que j’occupe bien le terrain à mes conversations en boucles.
Echo à cet article dans "Lettres à Lou" : 52. Errare
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Par Bèrlebus :: dimanche 10 septembre 2006 à 18:52 :: Au jour, le jour
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Vos commentaires |
Cette fois, c'est moi qui posterai le premier un commentaire.
Il était temps que je relate cette autre réalité du "bonhomme". A force de ne parler que des progrès -quoi que ce soit très bien ainsi-, je ne voudrais pas travestir la vérité.
Cette tranche de vie, c'est plus de 50% des rapports sociaux entre Lou et nous, entre lui et les autres. Entre son monde de cocagne et la réalité de la vie...
Et j'aime même trouvé le temps d'écrire cet article... Sans doute en avais-je besoin. Hé !
Je rends au passsage un hommage incommensurable à une maman qui, vu les circonstances actuelles, est beaucoup en première ligne. |
Le dimanche 10 septembre 2006 à 18:58,
commentaire par
Luc Boland
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En tout cas, merci pour cette tranche de vie, même s'il y a de bon côté comme dans tout, il y a aussi des moments qui fâchent, épuisent.
L'amour déplace des montagnes, mais ça ne doit pas être tout rose tous les jours.
Bravo pour votre courage et de nous faire partager tout ça |
Le dimanche 10 septembre 2006 à 20:17,
commentaire par
bernie
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Bien évidemment ce serait trop beau si tout se passait bien, bien sûr on devine, on sait combien derrière tous ces progrès que Lou fait, il y a des jours où rien n'avance, des jours de doutes, des jours où l'on est mal, et puis allez savoir pourquoi cela repart, malgré les sourires, malgré l'humour au détour des paroles et des rencontres, il y a les difficultés où vous avez raison Bernie, on déplace des montagnes, cela use mais on a pas le choix, il faut le faire, et puis dire, écrire que l'on a mal cela fait du bien aussi, pour sans doute mieux repartir.. |
Le dimanche 10 septembre 2006 à 21:58,
commentaire par
laurence
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Et moi je suis “trip” de toi Lou !
Ne vous en faites pas papa Luc, ce n’est pas parce que vous parlez des progrès de Lou, que vous déformé une réalité, c’est une réaction tout à fait naturelle d’un papa qui est heureux de voir que tout ses efforts (et tous ceux qui l’entourent !) ne sont pas en vain. Ne vous en privé pas, vos articles « Chronique du temps qui passe » reflètent assez bien la réalité de votre vie quotidienne.
Je tenais aussi à vous dire tout mon estime pour Claire, votre Reine !
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Le lundi 11 septembre 2006 à 11:27,
commentaire par
Lili
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Luc
est ce que je te mets un extrait de LA conversation matinale QUOTIDIENNE avec gabi le matin juste avant de partir pour son établissement:
Pourquoi je dois grandir maman et plus faire les choses que j'aime?
Parce que l'un n'empêche pas l'autre et que grandir te fait découvrir de nouvelles choses à aimer !
Non mais j'ai assez de choses que j'aime !
Tu n'as pas 15 ans il y a plein de choses que tu vas aimer (mais là en général ma voix commence à se hausser)!
Non mais j'aime bien (dans l'ordre) mes CD mes DVD mon papy mes livres!
Ca fait 150 millions de fois que tu me le dis et TOUS les matins et je ne changerai pas ma réponse et là hurlante et échevelée Tu DOIS GRANDIR POINT BARRE!
pas très pédago la reine des matouses comme il m'appelle en ce moment! mais y'a des jours on est un peu humain et on craque !
;-)))
mais on tient parce que d'un seul mot drôle il me fait passer de l'exaspération totale à la vraie bonne humeur ... mon titi c autre chose mais ça c'était juste pour mettre son nom!
amitiés
fab.
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Le lundi 11 septembre 2006 à 13:17,
commentaire par
fab
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A Fab. : ça nous arrive aussi d'être exaspéré et de monter le ton, comme tu dis. d'autant que le ton seul, est un indicateur de nos humeurs (en l'absence des "yeux noirs"). liu l'a très bien compris.
A Lili : Certes ! (Je transmets à la reine.
Bernie et Laurence : vous avez très bien résumé la situation. Euh... (ça y est, papa fait "euh"), un peu de plat, parfois, changerait de la montagne. |
Le lundi 11 septembre 2006 à 13:26,
commentaire par
Luc
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Bonjour Luc,
Que serait la vie si, justement, il n'y avait ces moments exaspérants des pourquoi, comment, où, je n'aime pas, c'est pas bon, j'veux pas etc.... Oui nous voyons les meilleurs côtés de la vie de Lou simplement parce qu'il est important de savoir les progrès qu'il fait mais tout compte fait il est important de savoir que Lou est un enfant comme les autres et que parfois papa et maman (qui reste souvent dans l'ombre) ont toutes les raisons d'en avoir "ras la patate" Je crois que vous avez toujours fait la part des choses, sachant sévir par la voix afin que Lou comprenne que tout n'est pas permis dans la vie... Hé oui, c'est ça la vraie vie de parents, savoir dire "NON" Bon courage à vous deux, à bientôt
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Le lundi 11 septembre 2006 à 15:32,
commentaire par
ANDREE
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bonjour,
Les petits nuages d'un beau ciel bleu ! Bien sûr que tout ne va pas toujours bien, mais même les difficultés aident à avancer ! On comprend que vous avez surtout envie de vous concentrer sur les progrès du petit prince ! Mais pour nous tous qui venont suivre les aventures du chevalier Lou, parfois il faut un peu trébucher et le beau cheval blanc repartira mieux après !
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Le mercredi 13 septembre 2006 à 09:50,
commentaire par
Caroline
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J'aime vos mots réconfortants. Tout simplement.
(Un papa en plein mixage de la version longue du film) |
Le mercredi 13 septembre 2006 à 22:08,
commentaire par
Luc
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et nous, nous aimons tes mots, nous admirons ton combat, que nous comprenons, et nous sommes admiratifs devant tant d'amour et de tendresse pour ce petit prince. |
Le mercredi 13 septembre 2006 à 22:29,
commentaire par
laurence
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