Lettres à Lou
  Le regard d'un papa sur son petit prince pas comme les autres, sur la vie, l'éducation, l'amour.
 

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A propos des lettres à Lou


Cela faisait des mois que je ruminais ce projet et rédigeais ces articles que sans cesse je retravaillais.
Si le journal de Lou raconte sa vie et sa perception des choses, même s'il est clair que c'est moi (son papa) qui opère le "transfert" en essayant d'imaginer et retranscrire ce qu'il pense et sa perception de la vie,
Cette page ("Lettres à Lou") , sera ma perception de lui, mes réflexions et autres questionnements.
L'un et l'autre sont en étroite interaction.
Bonne lecture.

Luc Boland
 

L'annonce de naissance de Lou


Ta venue parmi nous n'est pas un hasard...
Mais cela, je te l'expliquerai un jour.
C'est un fameux puzzle.
Parmi toutes les pièces à mettre dans le dossier, il y a ton annonce de naissance (ci-dessous)
 
 

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Merci à la Fondation Roi Baudouin ("Parcours Hors-pistes"). Le nouveau design, l'hébergement et les traductions ont pu être réalisés grâce partiellement à son soutien financier.
 

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mardi 30 mars 2004

23. Le courage de se battre

(réponse à l’article 204 – chronique du temps qui passe 15)

Mon Petit Prince,

Qu’il est dur pour toi d’entrer dans une réflexion cohérente.
Qu’il est dur de « réfléchir ».
Même ce mot te semble barbare.

L’autre jour, comme lors de chacune de tes crises, tu t’es figés sur un mot clé qui ne te plaisait pas (en l’occurrence dans ce cas-là, l’école du lendemain alors que tu espérais être en week-end pour aller à la piscine).
En d’autres circonstances, cela peut être : « les pâââtes » parce que tu n’en veux pas, ou «la tâââble» parce que tu t’y es cogné (…).

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Par Luc Boland, à 18:35 :: Lettres à Lou :: #38 :: un commentaire
 

samedi 27 mars 2004

22. Le métier de l'image.

(Ma planète - troisième partie)

Mon petit garçon,

Permets-moi de terminer cette étrange histoire qui a précédé et marqué ta venue.

Les événements qui ont suivi ont été baignés dans l’insouciance retrouvée.
Les années ont passé.
Après des études de cinéma, j’ai très vite trouvé du travail en qualité d’assistant.
En 1986, je ne réalisais pas encore de film ni n’écrivais de scénario lorsqu’un jour, au détour d’un fait-divers lu dans le journal, l’envie me prit d’écrire et imaginer une histoire autour de ces quelques lignes.
Achat d’une machine à écrire (l’ordinateur personnel en était encore à ses balbutiements) et quelques jours de congés entre deux films me suffirent pour dactylographier d’un jet un scénario de 120 pages : « Une sirène dans la nuit »

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Par Luc Boland, à 18:34 :: Mon âme :: #37 :: 2 commentaires
 

mardi 23 mars 2004

21. Mon enfance et mon adolescence

(Ma planète - deuxième partie)

Mon petit garçon,

Il se fait que jusqu'à ton arrivée, les moments clés de ma vie ont tous été liés à la vue.

Permets-moi de te raconter la suite de mon histoire, mais en faisant une mise en garde importante : il n'est pas question dans ces lignes de pleurer sur mon passé. Chaque être humain vit et souffre à des degrés divers durant sa vie et il n'existe aucune échelle de valeur à ce propos, seule le caractère permet à l'un ou à l'autre de se remettre ou de vivre avec les blessures de la vie.
Et en ce qui me concerne, je pense m'en être pas trop mal sorti.

Retour à mon enfance.

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Par Luc Boland, à 18:34 :: Mon âme :: #36 :: 4 commentaires
 

vendredi 19 mars 2004

20. Ma planète à moi

(première partie)

Mon Petit Prince,

Ce que je vais te raconter dans cette lettre est incroyable.
Ecoute bien.
Ce n'est pas une histoire que j'invente mais les instants les plus marquants de ma vie.
Et tu comprendras peut-être l'invraisemblable.

Tout petit, j'ai fait de ma vue une arme redoutable.
Démuni par le silence des grandes personnes, troublé par leur regard désemparé face à des événements difficiles à surmonter, j'ai appris à lire la vérité ou le mensonge dans le regard des autres. Je n'avais d'autres choix, face au silence des mots, que de tenter de deviner la vérité tout seul.
J'y ai lu la souffrance, le malheur, le malaise et la torpeur.
J'avais l'âge que tu as aujourd'hui : environ cinq ans.
J'étais placé sans avertissement, de famille d'accueil en famille d'accueil.
"Maman est fatiguée" me disait-on.
Mais cette réponse ne me satisfaisait pas.
J'étais comme "Toto le héros" voyant son père disparaître derrière une porte au delà de laquelle j'imaginais mille et mille choses. Sauf que c'était ma maman qui disparaissait derrière la porte.
J'étais comme Nicolas de la chanson de William Sheller : je voulais pas qu'on m'emmène, mais régulièrement, on sonnait à la porte pour m'emporter je ne savais où, avec pour seul bagage mon nounours et une petite valise en toile écossaise.
Six mois d'une vie que je ne peux oublier.
Une loi du silence habitait notre maison, et tel un chat dans la nuit, je tentais de détecter le moindre indice, le moindre danger.
C'est ainsi qu'aujourd'hui encore, je peux, sans trop souvent me tromper, lire la souffrance, le mensonge ou le malaise dans les yeux des regards que je croise. Et c'est un lourd fardeau à porter car à force d'y voir la peine d'autrui ou le mensonge, je souhaiterais par moment être aveugle pour ne pas endosser la misère ou la lâcheté du monde.

Et toi mon petit Lou, en ce qui te concerne, tu sens aussi instantanément ce genre de chose, mais à ta manière : par le toucher, l'ambiance, le timbre de la voix.
Nous avons les mêmes facultés, mais avec des outils différents.

Je te raconterai la suite de cette incroyable histoire dans ma prochaine lettre.

Je t'embrasse.
Par Luc Boland, à 18:33 :: Mon âme :: #35 :: un commentaire
 

jeudi 18 mars 2004

19. Luc et Lou

Mon petit Lou,

Un lettre sépare nos deux noms : l'une ouverte et l'autre fermée : un "C", un "O".
Luc et Lou.
Un hasard de plus... mais qui me donne l'occasion d'aborder un aspect de notre relation qui, malgré les apparences, est tout sauf fusionnelle.

Ce n'est pas parce que je tiens à ta place ton "journal de bord" que je suis toi.
Ce n'est pas parce que j'essaye de te comprendre et pour cela, essaye de me mettre à ta place et de percer les mystères de ton petit univers que pour cela je n'existe plus.

Certes, on se ressemble beaucoup : tu as hérité de nombreux traits de caractères qui sont miens, mais une grande différence nous sépare et qui fait toute la richesse de notre rencontre, tout l'intérêt des remises en question de mes propres valeurs.

Nous sommes donc né sous la même étoile, le même soleil, même si tu ne perçois pas la lumière de celle-ci de la même manière que moi.
Je vois la lumière.
Tu sens la chaleur.
Je vois l'être,
Et tu sens l'humain.
On forme une sacré paire tous les deux.

Sais-tu que dans le ciel, la nuit, on voit des milliard et des milliards d'étoiles et de planètes.
Sais-tu que l'homme, depuis la nuit des temps, a tissé des liens entre elles pour former des formes géométriques représentant tantôt un chariot, tantôt un scorpion...
Et bien entre nos deux planètes, il existe aussi ce trait d'union, ce fil invisible qui fait qu'à jamais nos vies sont unies.
Mais pas par hasard.

A l'inverse de toi, toute ma vie s'est construite sur l'image et l'observation : c'est une longue, très longue histoire que je te raconterai sous peu dans ces lettres.
De même, je te raconterai ces incroyables concours de circonstances liés à la vue ou au handicap et qui ont fait celui que je suis.

Il me tarde de te raconter tout cela.

Ton papa.
Par Luc Boland, à 18:33 :: Lettres à Lou :: #34 :: un commentaire
 

mardi 9 mars 2004

18. Le droit à la différence

Mon petit être...
...en devenir.

Depuis le début de la rédaction de ces lettres, je me suis posé bien des questions par rapport au fait de te présenter comme un petit prince pas comme les autres.

Faut-il ou non garder cette notion de différence ?
Si ce "pas comme les autres" fait référence à ta cécité et ton développement intellectuel, ne serait-ce pas créer une barrière ségrégationniste entre les gens dits "normaux" et "différents"?
N'est-ce pas faire le lit de ceux qui parle d'une personne handicapée en terme "d'anormal" ?
L'histoire est remplie de monstruosités légitimées par cette "anormalité" : castration chimique, élimination pure et simple sous des régimes fascistes, parcage dans des asiles, et j'en passe...

Après maintes réflexions, je me suis dit aussi que finalement, tu étais, malgré tes différences, un petit garçon comme les autres dans tes besoins de repères et de limites, dans ton apprentissage de la vie, même si celui-ci s'avère plus compliqué.

Mais finalement, j'ai décidé de garder cette notion.
Tu es un petit prince pas comme les autres, car au même titre que chacun d'entre nous, tu es unique.
Parce qu'il n'y a rien de pire que la norme.
Parce que aussi, le message que je tente de faire passer repose précisément sur le droit à la différence.

Je ne peux imaginer un monde qui ne sera pas capable d'accueillir un petit bonhomme comme toi.
Je ne peux tolérer l'absence d'intégration qui au quotidien, empêche une personne différente de vivre sa vie avec les mêmes droits que les autres.
Il est encore loin le jour où dans chacune des classes d'école un ou des enfants différents seront intégrés.
Il est encore loin le jour où les personnes à mobilité réduite ou difficile pourront se déplacer comme n'importe qui d'autres.

Autant il est un combat à mener pour respecter l'individu dans ce qu'il a d'unique, autant il faut se battre pour que chacun ai les mêmes droits.

Et je me battrai pour toi, pour moi.
Car "tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité".

...Ce n'est que l'article premier de la déclaration universelle des droits de l'homme adaptées par l'assemblée générale des nations unies dans sa résolution 217A du 10 décembre 1948.
Par Luc Boland, à 18:32 :: Lettres à Lou :: #33 :: un commentaire
 

vendredi 5 mars 2004

17. La mort des Petits Princes

Mon Petit Prince,

Que j'aime t'appeler ainsi.
Car tu es noble dans tes sentiments.
Je l'ai déjà dit, mais je me plais à le répéter.
Nous sommes ou avons tous été des petits princes.
Seule la vie et son cortège de souffrances ou d'injustices nous ont destitués dans le regard des autres et dans l'image que nous avons de nous-même.

Mais il y a aussi le fait de grandir qui nous ôte ce privilège sacré. On devient homme ou femme, et le monde qui nous entoure ne nous laisse plus de place au rêve et à la noblesse des sentiments, ou si peu.
Il nous faut devenir responsable, sérieux.
On ne joue plus.
Ni avec les mots, ni avec soi-même.
Certains appellent cela être adulte.

Mais permets-moi de m'inscrire en faux par rapport à ce point de vue. Etre adulte n'est pas renier son âme d'enfant. Ceux qui prétendent cela ne sont plus adultes mais vieux.
On peut être une grande personne et continuer à s'émerveiller, rêver, jouer, aimer.
Il y a un temps et de la place pour chaque chose. Tout simplement.
Mais trop souvent, le poids des responsabilités fait que petit à petit, devenu grand, l'homme s'interdit toute fantaisie, toute innocence.

En ce qui me concerne, j'ai du rater une étape, car le sang de mon enfance coule toujours en moi. Et si je ne peux plus être un petit prince, je me plais à m'imaginer en Roi.
Non pas un souverain régnant sur le monde, mais un Roi choisi par sa Reine et qui aide son petit prince et ses princesses à devenir à leur tour Roi et Reines, aimant et aimés.

C'est ma seule ambition aujourd'hui : le souhait d'être le Roi de ceux que j'aime, c'est à dire de ta maman, tes soeurs, toi-même et nos amis.
La conquête du monde ne m'intéresse pas. Pas en ces termes.
Par Luc Boland, à 18:32 :: Lettres à Lou :: #32 :: aucun commentaire
 

jeudi 4 mars 2004

16. Pas de quoi nous plaindre. 4/3/04

Mon Petit Prince,

Comment oserions-nous nous plaindre !

Régulièrement, nous recevons des messages d'encouragements face au défi qu'un petit bonhomme comme toi représente au quotidien.
Ces messages nous font du bien et atteignent leur but car c'est vrai que tes besoins sont sans fin et donc peuvent parfois être épuisants.
Du courage, nous en avons à revendre, car élever un enfant (j'aime particulièrement ce mot : élever : porter vers le haut) est la plus belle expérience que l'on puisse jamais faire dans une vie.
Et qu'importe s'il n'y a aucune récompense ou reconnaissance publique de ce formidable engagement.
Il n'y a ni "Oscar" ni "César".
Car de réalisation, il n'en est pas question : on ne fabrique pas un enfant.
On n'est que passeur de témoin, de flambeaux qui s'appellent la vie et l'amour.
Nous ne sommes aussi que des "révélateurs" pour un plein épanouissement.
Cela semble évident, mais il y a tant et tant de parents qui se trompent à ce propos.
J'en ai fait maintes fois l'expérience pour avoir du faire appel à des enfants comédiens qui finalement n'étaient que la réalisation du fantasme de leur parent.


Comment oserions-nous nous plaindre en regard à de terribles souffrances que peuvent vivre des personnes malades ou victimes, et qui ne trouvent ni le soutien moral ou matériel, le réconfort ou la paix autour d'eux.

Oui, c'est vrai, je le reconnais, il nous arrive de tirer la langue.
En dehors de tes grands-parents et de l'encadrement scolaire, nous sommes rarement aidés ou soulagés, chacun ayant sa vie et ses soucis.
Mais nous sommes déjà deux, que dis-je, cinq.

Pleurer sur son sort ne mène à rien.
Et puis pourquoi pleurerions-nous ?
De l'injustice qui te frappe et nous touche par ricochet ?
Elle est là, irrévocable.
Mieux vaut donc se tourner vers ta singularité, tes talents, ton regard, uniques.
Ceux-là se cultivent et nous permettent de grandir dans ce que nous sommes : des êtres humains.
Par Luc Boland, à 18:31 :: Lettres à Lou :: #31 :: aucun commentaire
 


mercredi 3 mars 2004

15. Enfant : mode d'emploi ?

Mon Petit Prince,

Je te parlais dans ma lettre précédente de l'absence de mode d'emploi avec toi, et je voudrais un instant y revenir.

Existe-t-il un mode d'emploi pour élever un enfant ?
Quand je regarde non sans bonheur l'évolution de tes deux grandes soeurs, je constate que finalement nous n'agissons pas autrement avec toi et qu'il y a une et une seule règle que nous nous sommes fixée : celle de rester humain.
S'il est une chose qui nous a semblé la plus importante devant l'apprentissage de la vie, s'il est un message que nous avons toujours essayé de vous transmettre, c'est bien celuiu-ci : on a beau être adulte et responsable, on en reste pas moins humain, avec ses défauts et qualités. Ses erreurs aussi.

Mon coeur chavire quand j'entends l'une de tes soeurs réagir avec sagesse lors d'un de mes moments de fatigue ou de soucis qui peut rendre mon propos cassant.
Je me souviens de Mathilde qui, du haut de ses neufs ans, m'avait demandé quelque chose à un mauvais moment et que j'avais prestement remballée. Nullement révoltée, elle s'en est retournée avec sa copine en lui disant : "T'inquiètes, il a du soucis avec son travail."
J'observe Eva qui, au même âge, n'agit pas autrement et fait preuve, elle aussi, d'une maturité saisissante.
Il suffit de voir comment elles t'ont accueilli dans leur vie.

Je crois qu'il est extrêmement dangereux de donner une image de perfection à ses enfants. Car nous sommes LA référence et que cette référence doit être avant tout accessible et sincère.
Tout le monde peut se tromper, en ce compris des parents.

Notre rôle est avant tout celui d'être un humain.
Mais cela ne veut en aucun cas dire permissif ou démissionnaire.
Car l'enfant que tu es a besoin de guides, de limites, de barrières de protection.
Toi, peut-être même plus qu'un autre.
A défaut, le Petit Prince que tu es se transformera en Tyran.

Tes différences ne te donnent aucun droit supérieur à un autre.
Tes différences te donnent les mêmes droits qu'un autre.
Il ne faut pas confondre "compensation" et "inégalité", ni handicap avec non-droit.

En conclusion, non, il n'y a aucun mode d'emploi pour élever un petit prince, si ce n'est celui de tenter d'être juste et de rester à l'écoute des besoins et attentes de l'enfant.
Autant dans les limites que dans l'image que nous leur donnons.
Par Luc Boland, à 18:11 :: Lettres à Lou :: #30 :: aucun commentaire
 
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