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Lettres à Lou |
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Le regard d'un papa sur son petit prince pas comme les autres, sur la vie, l'éducation, l'amour.
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mardi 30 mars 2004 |
23. Le courage de se battre |
(réponse à l’article 204 – chronique du temps qui passe 15) Mon Petit Prince, Qu’il est dur pour toi d’entrer dans une réflexion cohérente. Qu’il est dur de « réfléchir ». Même ce mot te semble barbare. L’autre jour, comme lors de chacune de tes crises, tu t’es figés sur un mot clé qui ne te plaisait pas (en l’occurrence dans ce cas-là, l’école du lendemain alors que tu espérais être en week-end pour aller à la piscine). En d’autres circonstances, cela peut être : « les pâââtes » parce que tu n’en veux pas, ou «la tâââble» parce que tu t’y es cogné (…). Je te mentirais si je disais que tu ne nous laissais pas souvent démunis en pareille situation. Impossible de te résonner : tu deviens comme un disque qui bute toujours sur la même strophe. Et puis, il y a ton besoin de repousser, d’exploser ta colère qui nous obligent à te protéger contre toi-même. Avec énergie parfois (ce qui ne veut pas dire violence).
Dans cet ordre des choses, l’autorité est une notion que tu ne comprends pas. Qui sommes-nous pour décider de tes actes et devoirs ? Bien sûr, tu as compris que nous étions tes « parents », dans le sens nourricier et affectif. Tu as compris tout notre l’amour pour toi et tes sœurs et l’importance de notre présence à tes côtés. Mais cela ne nous donne pas le droit, selon toi, à déterminer ce que tu dois ou non faire. Vient alors parfois la confrontation, dans notre devoir de ne pas te laisser faire et te laisser croire que la vie n’est qu’un self-service. J’en suis convaincu, le devoir le plus difficile dans le rôle de parents, mais aussi le plus essentiel, est précisément de montrer les limites à ne pas franchir, les limites du respect et du droit de l’autre. Il est tellement plus facile de démissionner, de laisser faire.
Ce n’est pas parce que tu es aveugle et confus dans ta petite tête blonde qu’il devrait en être autrement avec toi. Que du contraire, notre devoir est de t’aider à comprendre tout cela, t’aider à comprendre ce monde si complexe dont tu connais si peu l’existence.
J’en veux pour preuve de mes propos, tous ces progrès, certes lents, que tu fais en de nombreux domaines, dont la parole, la motricité, la mémoire. Mais à quel prix…
Pourvu que la vie nous en donne la force, le courage et les moyens, nous aurons encore de belles empoignades avec toi. Parce que l’amour, c’est cela aussi : se battre pour l’autre, et parfois, de manière paradoxale, contre l’autre.
Nous t’aimons mon bout’chou. Et si je t’appelle tantôt Petit Prince, tantôt Petit Tyran, c’est juste pour rappeler qu’une vie heureuse se construit aussi dans les moments difficiles.
Ton papa.
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Par Luc Boland :: mardi 30 mars 2004 à 18:35 :: Lettres à Lou
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