Journal de Lou
un petit prince pas comme les autres
  Bonjour, je m'appelle Lou.
Je suis un petit garçon qui ne voit bien qu'avec le coeur, ce qui rend la vie de mes parents et mon éducation épiques !
Je suis donc aveugle et différent dans ma petite tête blonde.
 

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...avec toutes mes excuses pour les personnes qui ne l'auraient pas compris, tous les textes de ce site sont pensés et écrits par moi-même (son papa).

Lou n'en est actuellement pas capable, tout comme il n'est pas capable à ce jour de comprendre "un ordinateur", "internet", ou se concentrer longtemps sur une conversation. Seul l'avenir nous dira si nous parviendrons à l’intégrer totalement le monde dans lequel il vit.

Il est donc clair que ces récits, bien que tous les faits rapportés soient bien réels, comportent une interprétation que je fais en fonction de son comportement. Mais pour bien le connaître depuis plus de cinq ans, je pense ne pas me tromper.

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lundi 6 avril 2009

657. The Jetlag experiment 2 (J +3)

(suite)

Lundi, dix heures du matin. Ça y est, je dors.
Ce perpétuel changement de rythme de vie n’est pas évident. Non pas que je peine à m’endormir, mais moi, j’aime mes petites habitudes et pour le coup, je suis servi. Ceci dit, je reviens très vite « dans le positif » et me marre avec mes vieux à chaque fois que nous nous imaginons prendre, par exemple, le repas de midi à deux heures du matin, ou le repas du soir à l’heure du petit déjeuner.

Hier dimanche, papa et moi avons été promener Méga en forêt en forêt à six heures… du matin. Il faisait encore nuit. Papa m’a fait observer l’absence des bruits de la ville toute proche, puis les premiers chants des oiseaux et le hululement d’une chouette. Mais autant j’adore tous les sons de la vie, autant je ne m’intéresse manifestement peu ou pas aux chants des oiseaux.

A chaque fois que papa essaye de me faire prêter l’oreille à leurs vocalises, cela se passe généralement comme cela :
- Ecoute l’oiseau, Lou. C’est le chant du soir d’un merle.
Je réponds par un « oui », inattentif et bref, enchaîné de suite par :
- Et alors, tu te fâchais sur Monsieur René qui frappait le petit David pour lui voler son poisson.
v- Et là, écoute, Lou ! C’est un oiseau qui lance un signal d’alarme. Sans doute parce qu’il y a un chat ou un renard qui rode.
- Et Monsieur René tapait David.
- Pic pic pic pic pic ! Ecoute-le. On dirait qu’il est fâché : attention, un chat ! Vas t’en ! Vas t’en !
Sans même répondre, je me lance dans les imitations de David qui hurle et geint sans retenue.
Mon intérêt pour la gente volante est donc inversement proportionnel à celui pour la gente des ruminants : papas et bébés moutons, vaches, veaux, cochons, chiens et chats (…euh ce sont des mammifères, mais à quatre pattes aussi). Car bien que je sois attiré par toute forme de mélodie de la vie, du chant du radiateur au timbre des tondeuses, il est assez logique que je snobe les oiseaux puisqu’il m’est impossible de les approcher et encore moins, de les toucher. Quoique…

L’autre jour, papa a sauvé un troglodyte que Virgule, le chat d’Eva, avait attrapé et ramené à la maison. Papa avait réussi à extraire l’oiseau de la gueule du chat et, l’ayant blotti au creux de ses mains, m’avait fait toucher son bec piquant. Appréhension. Le minuscule oiseau était vivant mais ne bougeait pas. Papa m’a mis en confiance, puis a délicatement ouvert ses mains pour que je puisse mieux le toucher, avec de grandes recommandations de délicatesse extrême à la clé. Il était tout petit, chaud et doux. « Tout mignon » pour me citer et être en communion avec l‘attendrissement de papa Bèrlebus. Effrayé par mon doigt, il s’est soudain envolé. Papa l’a rattrapé dans le salon et enfin l’a remis en liberté dans le jardin.

En forêt, nous avons joué à touche-touche sur la route. J’adore.
Le bitume ou la terre damée délimite bien l’air de jeu sous mes pas.
Papa me touche, s ‘éloigne bruyamment à quelques pas de moi, me parlant par moment pour que je le repère ou à l’inverse, il se « cache », s’esquivant en silence ou se taisant, ce qui, dans mes déplacements pour le trouver, me fait faire des ronds, des fresques, des arabesques tout autour de lui, jusqu’à ce qu’il se laisse attraper. Scènes de rires assurés.
On a joué aussi à un de mes autres jeux favoris en forêt : se jeter à tour de rôle dans un trou virtuel, ce qui permet à l’autre de s’éloigner loin, très loin sur la route pendant que le prisonnier hurle, appelle au secours, s’énerve, dit des gros mots etc. Il s’évade ensuite, se fait rattraper et ainsi de suite. Au plus papa joue à s’énerver, au plus cela me fait marrer. Un peu le genre fou furieux comme dans ses imitations.
Pour être franc, quand nous sommes en forêt, nous avons peu de chance de croiser un animal sauvage, tant la discrétion nous habite.

Quand nous sommes rentrés, maman et Eva venaient de se lever tandis que moi, j’irais me coucher quatre heures plus tard. C’est le côté résolument amusant de cette aventure. Nous avons ensuite été au marché comme tous les dimanches matin, sauf que pour moi, il était dix-sept heures. J’ai soupé à onze heures, puis j’ai été au lit à midi et me suis endormi aussi vite. Il faut dire que j’étais éveillé… depuis minuit.
Vous suivez ? Moi pas trop et j’entends souvent papa et maman se casser la tête devant une feuille de papier sur lequel papa m’a expliqué qu’il avait fait tout les horaires des dix jours de traitement.

Vers seize heures, je me suis réveillé. Plus moyen de dormir.
Maman est restée près de moi pour m’aider à m’envoler dans mes rêves de poissons et de David, mais bien que de bonne composition, je restais éveillé, couché, cool, profitant des câlins de maman. Je me suis rendormi seulement à dix-neuf heures.

A vingt-trois heures trente, maman est venu me réveiller. Petit déjeuner, synthé et diverses occupations avant d’aller réveiller papa à deux heures du matin.

A trois heures, nous voilà parti en pleine nuit, papa et moi pour « la maison des Ardennes ».
J’ai pas mal d’appréhension à l’idée que maman ne vienne pas avec nous et puis je sais que papa est fatigué, et donc plus irascible. Comme le premier « soir » pour nous, « aube » pour vous, lorsque j’ai mangé mon yaourt en en renversant sans cesse sur la table.
On en parle dans la voiture. Il ne parvient pas à dormir en même temps que moi car il ne peux pas prendre le même médicament que moi. On se fait la promesse de faire des efforts tous les deux. Et puis, on va retrouver le son du radiateur de ma chambre, le fauteuil qui rebondit dans le grand salon et surtout le cochon, les vaches, les « bébé moutons », choupi et Chacka, les chiens de la ferme voisine.

Une fois arrivés et bien installés, nous nous occupons jusqu’à ce que l’aube pointe.
Au menu : jeu de disputes et autres acrobaties dans le fauteuil, guerre de frissons, dîner, synthé, Camille et le dernier Saule sur l’I-Pod de papa, re-synthé.
Six heures trente. Le jour-que-je-ne-vois-pas-avec-mes-yeux se lève. On peux enfin aller saluer nos amis de la ferme. Je suis impatient d’écouter le cochon et les « bébés moutons ».
En réalité, il n’y a pas de mouton à la ferme, mais j’ai trop envie d’appeler ainsi les petits veaux, car leurs frêles beuglements ressemblent très fort aux bêlements d’un mouton. Et comme j’aime les moutons et qu’il n’y en a pas là…
Le cochon est très en verve. On en oublie le goûter et j’ai peine à quitter l’étable.
Nous rentrons souper. Il est huit heures du matin. Petit coup de mou pour tous les deux. Petite altercation. Oups, notre promesse. Maman me manque. Retour dans le positif.
A neuf heures, c’est l’heure de la mélatonine, puis nous allons acheter le journal de papa, resaluer une dernière fois le cochon et faire un petit tour par la balançoire.
A dix heures, je suis au lit.
A dix heures quart je dors.

Trois heures plus tard, je dors toujours… et papa qui couche ces mots, peine à se coucher lui-même.
Réveil programmé vers vingt-et-une heure.

(à suivre)
Par Bèrlebus :: lundi 6 avril 2009 à 13:29 :: Au jour, le jour :: #751 :: rss


Vos commentaires

Bonsoir, ou plutôt bientôt bonjour pour vous...
J'imagine que l'expérience ne doit pas être facile, et fatiguante;
Quel courage de devoir suivre cette expérience, mais j'espère que le résultat sera à la hauteur, ainsi Lou sera moins fatigué les soirs donc moins fragile, et dormira jusqu'au matin...
Je vous souhaite bon courage, et bonne réussite avec ce traitement de quelques jours pour...le plus longtemps possible ensuite!

Le mardi 7 avril 2009 à 01:06, commentaire par Aude :: email :: #
 

Luc tu nouis épateras toujours, je suis certaine que la fatigue chez toi doit être beaucoup plus grande que chez Lou, hé oui, le poids des ans...lol... Sérieusement, je trouve que cette expérience demande une fameuse force de caractère et beaucoup d'abnégation (mais ça, tu n'en manques pas) les jours passent, je vais lire le 3ème épisode...
Bizzzzzzzzzz

Le mercredi 8 avril 2009 à 19:27, commentaire par ANDREE :: #
 

Ben euh oui... je n'ai pas souvenir d'avoir été un jour aussi fatigué, mais c'est un moindre mal. Pour dire toute la vérité, la nuit précédente a été la plus dure. De 23h à 06h00, excepté la ballade au grand air) chaque fois que je clignais des paupières, je devais lutter pour ne pas les laisser fermées et lorsque je les rouvrais, toute ma vision basculait...
Mais cette aventure, pour singulière qu'elle soit, est un moindre mal en comparaison à bien d'autres choses.
;-)

Le jeudi 9 avril 2009 à 02:03, commentaire par Luc :: #
 

Aude, je ne peux que croire que cela va marcher, sinon je désespèrerais de le faire.
Nous verrons. De toute façon, c'est le seul moyen de voir si on peut enfin réguler son sommeil. A vivre habituellement les fins de journées pénibles avec Lou où nous devons nous battre pour qu'il tienne jusqu'au souper et l'heure de coucher, sans parler de ses réveils très matinaux, le jeu en vaut la chandelle !

Le jeudi 9 avril 2009 à 02:06, commentaire par Luc :: #
 

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