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mardi 3 avril 2007 |
569. Chronique du temps qui passe 43 |
Samedi après-midi. Dans le fauteuil. - Je veux mon Furby qui a les piles usées ! - Non, Lou. Tu as déjà joué deux fois avec lui aujourd’hui. - Je veux mon Furby ! - Non, Loulou… On peut jouer à plein d’autres choses… - NON ! - SI… - NOOON ! - Si, et cela ne sert à rien de t’énerver. - Va t’en, papa ! - Je m’en vais, si j’en ai envie. Tu n’es pas le chef et tu ne me parles pas comme ça. Il reste zen. Cela m’énerve d’autant plus. - Et je vais pousser papa. Je feins de le faire. En réalité, je le fais, pas très fort. - Loulou, tu arrêtes ou je vais me fâcher. Je ne l’entends pas et récidive. Aussitôt, sa grosse voix me surprend, malgré l’annonce. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas vibré dans mes tympans. Je me renfrogne en contrebas du canapé. - Vas te faire foutre ! Je vais te taper, te pincer. Ce que je, avec légèreté, l’intention n’étant pas de faire vraiment mal. Sa voix calme et déterminée m’avertit à nouveau : - Loulou, fais très attention à ce que tu dis et ce que tu fais ! - Et bien, fous le camp, papa ! Je veux plus te voir. - Je partirai quand je le déciderai. - Je veux que tu sois mort, voilà ! Plus de papa ! Fini ! Papa, il est mort. Pas moyen de le faire sortir de ses gongs. - C’est ça… C’est très intelligent ce que tu me racontes, Lou. - Fous le camps ! Meurs, papa ! - C’est toi qui serait triste si je mourrais, Lou. Je peux comprendre que tu sois triste, déçu ou fâché que l’on ne te donne pas le Furby, Loulou, mais on t’avait prévenu. - Je t’aime pas, papa ! Je te déteste ! En réaction, de grosse larmes se mettent à couler, ma voix s’éraille un peu plus encore (à force d’imiter Jordi, alias Madina). Je marmonne : - Va t’en ! Je veux plus te voir ! A mon grand étonnement, il me dit : - Vas-y, mon Chounet, pleure un bon coup. Tu sais, cela fait du bien de pleurer, pour éliminer ses tristesses, le stress, les choses qui ne vont pas… Il me câline la chevelure. Je lui retire sa main. Je veux pas de ses caresses. Deux minutes de suspension, le temps de serrer les vannes. Puis, je réattaque : - Je veux mon Furby ! Va-t-en, papa ! - C’est drôle, Lou. Tu te rends compte que c’est le premier jour, depuis des mois, durant lequel je ne travaille pas du tout, où je suis tout le temps avec vous. Tu devrais être content et en profiter. - Je t’aime plus. Va-t-en. - Bon, oui, je m’en vais. J’en ai assez de t’entendre dire les mêmes choses. Et comme tu ne veux pas m’écouter… Et il se lève. Je l’entends s’éloigner, sortir dans la cour. Seconde suspension. J’écoute… le silence. - Maman ? Il est où, papa ? - Dans la cour. Ni une, ni deux, je me lève et traverse le séjour jusqu’à la porte du jardin. - Papa ? - Oui, Lou ? - Pardon, papa… Je peux venir avec toi dans la cour ? - Oui, mais il faut d’abord que tu retournes dans le salon pour mettre tes chaussures. Je tourne talon. Maman m’aide à retrouver mes pompes que je jette n’importe où à chaque fois que je vais dans le fauteuil. Une minutes plus tard, je rejoins papa, l’embrasse immédiatement. - Je t’aime tu sais, papa. Tu veux des doudouces ? On s’assied ensuite tous les deux sur le banc en pierre et on cause. Il m’explique pour la centième fois l’histoire de la vie, de la naissance, de l’accouplement, du ventre de maman au grand garçon que je deviens, du rôle de parents, de l’incroyable chose qu’est la vie, bien plus intéressante qu’un Furby (nous y voilà !). - Ecoute, Loulou. Ecoute tous les sons que tu entends… On entend des perruches, des pigeons, un merle, une voiture qui passe dans la rue, la circulation au loin, un avion dans le ciel, une mésange, un chien qui aboie… - Tu vois , Lou. On est pas tout seul dans la vie. Il y a plein de monde. Et pour vivre heureux, il faut s’entendre, se respecter. On ne peut pas toujours faire ce que l’on veut dans la vie. Et cela, on doit aussi te l’apprendre. C’est parce qu’on t’aime…
L’après-midi se finit dans de longues et bonnes petites doudouces, des cabrioles dans le fauteuil qui me procurent des fous rires, un concert au piano pour papa, l’écoute de CD de son choix qu'il veut me faire découvrir.
La vie est belle.
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Par Bèrlebus :: mardi 3 avril 2007 à 19:04 :: Au jour, le jour
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Vos commentaires |
A sa façon Lou a peut-être voulu faire savoir à papa : tu m'as laissé longtemps alors maintenant tu ne m'interesses plus... mais au fond de son coeur il est tellement heureux d'avoir son papa à lui tout seul qu'il a besoin de faire savoir qu'il existe... Félicitations Luc pour ton calme et ta compréhension, ta façon de le réapprivoiser et de le ramener au calme!!!
Bonne soirée
Bizzzzzz |
Le mardi 3 avril 2007 à 20:16,
commentaire par
ANDREE
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Des journées difficiles on en a tous... Courage petit Lou. Mais crois moi tu es super bien entouré!!! Qu'elle patience Luc, je n'ai qu'un mot REMARQUABLE... |
Le mercredi 4 avril 2007 à 10:14,
commentaire par
Laéti
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suite ... Bises à tous
Au fait, Lou as tu déja entendu les tondeuse???? |
Le mercredi 4 avril 2007 à 10:15,
commentaire par
Laéti
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Oui, oui, Lou a déjà entendu les tondeuses.
Quant à la patience, c'est une des principales recettes avec Lou;
Luc |
Le mercredi 4 avril 2007 à 10:31,
commentaire par
Luc
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Lou est bien comme les autres enfants, si vous saviez combien de fois j'ai entendu de telles phrases de colère.
CHAPEAU POUR VOTRE PATIENCE |
Le mercredi 4 avril 2007 à 11:14,
commentaire par
MONIQUE
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Ce qu’il faut se dire, avec les enfants, c’est que quand ils ont des paroles blessantes, ils ont mal eux mêmes, sans, parfois, vraiment savoir pourquoi.
En cela aussi, Lou est comme les autres enfants … avec la différence qu’en un moins de temps qu’il ne faut, il fait la paix et devient « doudouces et caresses ». C’est si vite oublié alors, je crois que c’est ça aussi, qui vous donne la force et la patience. N’empêche : CHAPEAU
Bises à toute la tribu !
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Le mercredi 4 avril 2007 à 12:14,
commentaire par
Lili
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J'ai été heureux et très amusé par les propos de Lou, dans le sens où, effectivement, ce sont les mots de révolte ou de colère de tout enfant.
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Le mercredi 4 avril 2007 à 13:56,
commentaire par
Luc
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Et la vie continue, comme avec tous les enfants de la terre... 13 et 17 ans? cela vous dit quelquechose? Moi, j'ai droit aux lettres d'amour... après une grosse colère... |
Le jeudi 5 avril 2007 à 17:48,
commentaire par
Christine
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Bonjour à vous,
Je suis impressionnée par ton calme Luc dans ce genre de situation !
Yoann a parfois le même comportement, il me rejette et me dit des horreurs, même si je sais que c'est une colère qui n'est pas vraiment dirigé contre moi, j'ai du mal à garder mon calme !
Bises à tous |
Le vendredi 6 avril 2007 à 10:25,
commentaire par
Catherine
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Toutes ces paroles reflètent souvent le "trop plein" dans le coeur de l'enfant ... Ce besoin de verser des larmes qui ne veulent pas se "laisser couler", s'exprime souvent par une avalanche de paroles blessantes ... Ne sommes-nous pas, nous aussi, les adultes empreints à cette amertume pour autrui avant de laisser couler nos larmes quand plus rien ne va ??
Beaucoup de pensées pour vous, Luc et pour toute votre petite famille ... De gros bisous à Lou ... |
Le vendredi 6 avril 2007 à 20:01,
commentaire par
ponette
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Un petit bonjour d'Annick et Jean Sé en passant. Elle a des problèmes pour poster mais elle pense très fort à Lou et sa petite tribu. |
Le vendredi 6 avril 2007 à 21:07,
commentaire par
Catherine
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oui, Luc,
la clé de tant de tant de beaucoup, c'est tellment la patience et la confiance au temps, je suis convaincue..
BISOUS à vous tous. |
Le dimanche 8 avril 2007 à 16:34,
commentaire par
Annick
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héhé, et mon comment est passé, ici dans le nord, il ne passait pas a l ouest avec le portable,
dommage car parfois j écris des comments et recommence et recommence et ensuite abandonne..
j'espère que maintenant cela va aller! pensées! |
Le dimanche 8 avril 2007 à 16:36,
commentaire par
annick
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...C'est vrai que Lou m'a appris la patience (parfois restant soumise à dures épreuves)... |
Le mardi 10 avril 2007 à 19:13,
commentaire par
Luc
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Oui la vie est belle. C'est ce qui passe à travers ces récits et on ne peut plus en douter. Merci. |
Le vendredi 13 avril 2007 à 06:42,
commentaire par
Pierre-Yves
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peut-être la vingtième fois que je lie ce post depuis sa publication. et je trouve que c'est définitivement le plus beau que vous nous ayez fait partagé.
le plus fort.
j'avouerai que la première fois j'en ai eu les larmes aux yeux, mais il faut dire que c'est une chose fréquente sur votre petit journal.
Merci pour tout, vraiment, merci de m'accompagner depuis des années. Vous avez pris une place importante dans mon quotidien, dans mon apprentissage et mon évolution. j'ai passé l'adolescence à lire Lou, et ajd, je suis fière encore de passer parfois une après-midi pluvieuse à relire tout vos post. tous.
ce n'est pas la première fois que je laisse un commentaire, et vous m'avez toujours répondu. et ils me font chaud au coeur.
On m'appelle Lou, parmi mes ami, et quand on me demande pourquoi, j'explique l'habituelle dérive: Emilie-milou-lou. mais j'accompagne toujours d'un petit: lou c'est aussi un clein d'oeil à quelqu'un d'important.
Ca fait du bien, de vous faire partager ce ptit instant. Bonne journée. |
Le mercredi 9 mai 2007 à 14:00,
commentaire par
Emilie
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c'est vrai que ce n'est pas toujours facile avec les enfants, c'est avec grand plaisir que j'ai relu ce texte. Comme quoi l'amour gagne toujours, s'aimer profondément est la meilleure manière de vivre et pour cela il faut qu'un enfant soit éduquer quelque soit ces maux. Lui faire perdre ses repaires n'est pas la solution. Je suis de tout coeur avec vous. Gros bisous |
Le samedi 12 mai 2007 à 13:58,
commentaire par
Pauley
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j'ai cru lire la situation de la semaine dernière avec Guillaume, 8 ans atteint d'une dysplasie septo optique mais avec un portable, bravo pour votre patience c'est difficile de l'avoir quand on rentre du boulot et qu'il faut faire vite mais c'est sur nos enfants sont tenaces! bravo encore
virginie |
Le samedi 12 mai 2007 à 22:25,
commentaire par
virginie
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Mais oui, l'amour des enfants est là et si ils disent le contraire, on sait que la patience et l'amour qu'on leur porte effacera les propos qui font mal sur le moment, et puis ça passe, et la vie est chouette. Cependant Luc je n'ai qu'un mot qui me vient c'est : chapeau bas ! Plein de pensées positives, comme d'habitude. Eliane. |
Le vendredi 15 juin 2007 à 18:30,
commentaire par
abraseliane
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Merci Eliane.
...La pensée positive, il n'y a que ça de vrai ! |
Le dimanche 24 juin 2007 à 17:54,
commentaire par
Luc
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