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Lettres à Lou |
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Le regard d'un papa sur son petit prince pas comme les autres, sur la vie, l'éducation, l'amour.
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mardi 6 janvier 2004 |
7. Médium et miroir |
Tu as beau venir d'une autre planète, ta perception n'en demeure pas moins juste, acérée, immédiate.
Du fond de ta forêt noire, tu n'as pas besoin de voir la lumière pour savoir s'il fait jour ou nuit, si le soleil brille ou pas. Le simple changement d'ambiance sonore, la douce chaleur sur ta peau suffisent à te communiquer ce que nous ne remarquons même plus. Le son est la Vie. Comme autant de messages perceptibles. La lumière est Chaleur, Energie. Palpable.
De la même manière, tu sens et perçois nos états d'âmes. Tu connais et reconnais les moindres variations de ma voix. Peut-être même mieux que moi. Tu sens et ressens l'expression de mon corps, de mon tonus musculaire. Quand bien même je le voudrais, il m'est donc impossible de porter un quelconque masque devant toi.
Si je regarde ces cinq années passées ensembles, si je trace une courbe suivant tes progrès et régressions, et que j'en fais de même avec mes humeurs, mon moral, je ne peux que constater combien nos sinusoïdes évoluent en parallèle la plupart de temps.
Tu es mon baromètre, à moins que ce soit plutôt l'inverse. Ce qui est clair, c'est que, lorsqu'un de nous deux ne va pas bien, l'autre réagit immédiatement.
Ainsi, sans que tu ne sois nullement en cause, les problèmes de santé que je rencontre en ce moment me minent quelques peu. Tu le sais, tu le sens. Il n'en faut pas plus pour que tu entres en résistance.
Tu connais par coeur les cris des animaux de ta forêt. Au moindre signal d'alarme, tu prends peur et te mets sur la défensive. Logique. Simplement logique. Tu reportes dans notre monde ce que le tien t'as appris.
C'est pourquoi il me faut sans cesse te parler, t'expliquer, te rassurer. Il me faut aussi me dépasser, passer outre mes petites misères. Je suis ton guide, et un guide se doit de montrer la voie, ouvrir le chemin.
Ton voyage parmi nous ne fait que commencer. Je sais la tâche qui m'attend et les folles exigences qui en découlent. Mais nous ne sommes pas seuls, tu le sais bien. Tu as une Maman-Reine formidable. C'est une force tranquille, une onde apaisante.
Des tempêtes et conflits, on en vivra encore et encore. Le doute est permis et m'habite en permanence. Je suis fait de cela et c'est une de mes principales richesses.
Et puis, de toute façon, il te faudra apprendre à vivre avec les tensions, les conflits, car ils ne sont pas prêts à disparaître de cette planète. En cela, une fois encore, nous sommes faits de la même terre : j'y suis aussi sensible que toi. J'ai beau être un adulte, la violence me fait toujours peur.
Tu es mon fils, mon miroir.
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Par Luc Boland :: mardi 6 janvier 2004 à 16:11 :: Lettres à Lou
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